Petite histoire des partitions

Introduction

La première partition existante est une partition non écrite, celle du chant des oiseaux.... 


Les compositeurs l'ont toujours su et Olivier Messiaen (1908-1992) disait à ce sujet : "Dans la hiérarchie artistique, les oiseaux sont les plus grands musiciens qui existent sur notre planète. " ..

Catalogue d'Oiseaux - Le Réveil des Oiseaux


Ils utiliseront d'abord la voix l'instrument le plus parfait.

Clément Janequin (v1485-v1558) avec Le Chant des Oyseaulx reproduisant l'Aloutette, le merle, l'étouneau, le rossignol et le coucou.


Puis les instruments à vent

Sergueï Prokofiev (1891-1953) utilise dans Pierre et le Loup  la flûte traversière pour l'oiseau et le hautbois pour le canard 

Camille Saint Saens (1835-1921) avec le coucou de sa clarinette dans le Carnaval des animaux

Grigoraş Dinicu (1889-1949) jouant de la flûte de pan dans son Alouette


Vous pouvez lire et écouter :  Les animaux en musique - Philharmonie de Paris


Si le Carnaval des Animaux de Saint-Saens est un condensé parfait de l'utilisation des instruments pour traduire les animaux, il arrive parfois que la voix est là aussi pour nous amuser avec le Duo des chats de Rossini (dont la paternité est à partager avec G. Berthold (1795-1856) - Pseudonyme de Robert Lucas de Pearsall) chanté de façon amusante par tous y compris 

par les élèves du Lycée Palacios de Bellas Artes

L'Hymne à Nikkal

la partition la plus ancienne connue date de 1400 Av.JC

"La chanson a été découverte dans l'ancienne ville syrienne d'Ougarit au début des années cinquante, puis déchiffrée par le professeur Anne Draffkorn Kilmer. Les tablettes contenant la notation contenaient des signes cunéiformes en langue hurrienne qui fournissaient la notation musicale d'un hymne culte complet. On pense qu’il s’agit de la chanson notée la plus ancienne conservée au monde avant le premier exemple d’harmonie."

Sources : Biliothèque de Baune - Vidéo


Premier chœur sur la pièce Oreste d’Euripide

La Grèce antique

Papyrus datant de 408 Av.JC découvert à la fin du XIXème dans le cartonnage d'une momie (le premier choeur)

Sources : Austrian National Library - Asso Archivistes du Québec



Les partitions musicales de l’époque sont déchiffrables auhourd'hui grâce aux tables de concordances d’Alypius avec deux systèmes de notation, l'un pour la musique instrumentale utilisant 15 signes spéciaux et l'autre pour la musique vocale utilisant les 24 lettres de l’alphabet ionien. 

La plus ancienne notation musicale occidentale connue est celle de l'hymne d'Athénaios. Elle consiste à indiquer les notes par des lettres placées au-dessus des mots du chant.

Source : Introduction à la musique classique


L'hymne d'Athénaios - 128 av JC


La Stèle de Seikilos

sans doute la première partition complète

retrouvée en Turquie date de la fin du Ier Siècle Ap.JC


C'est un monument funéraire sur lequel il y a une une inscription de douze lignes. 

Les cinq premiers vers mentionnent l'homme Seikilos qui a sans doute écrit cet hymne à sa défunte épouse Euterpe, entre 100-200 Ap.JC 

les sept vers restants sont un petit poème avec des notations musicales, sous forme de lettres et de symboles entre les lignes.


Source : Musée d'Archéologie National  Musée National Copenhague 

Musée National de Copenhague 

La Rome antique

Aucune partition n'a été découverte ...


Les Romains utilisaient le système de notation des grecs : quatre lettres correspondant à quatre notes avec des signes rythmiques au-dessus de chaque note pour indiquer sa longueur.


Et pourtant la représentation de la musique est partout, dans les cérémonies religieuses, les fêtes, les mariages, les funérailles, les spectacles de théâtre ou les jeux du cirque. 

Fresque d'une villa de Boscoreale (40-30 av JC)

Mosaïque de Pompei

Colonne Trajane

Soldats sonnant du cornu

Des Gaulois à l'An 800

La signification des notes donnée par les grecs s'est perdue avec le temps.

La musique s'est transmise alors par voie orale


Aujourd'hui, en l'absence de partitions, certains préfèrent faire des recherches sur ce qu'étaient les sons des instruments de cette époque.

Le Carnyx (une trompe à la tête de sanglier) découvert en 1816 a fourni un son pour la première fois en 1993 ... Nul ne sait si ce son effrayant est vraiment celui entendu par nos ancêtres et leurs pires ennemis ...

Source : Le carnyx, un énorme instrument ressemblant à une trompette

Les premiers chants grégoriens introduits par Charlemagne dans le but unifier son empire sont encore des chants venant de Rome transmis par voie orale mais aussi le premier antiphonaire(*) qu'il demande au Pape Hadrien Ier vers 785.

(*) Antophonaire : Recueil d'antiennes avec la notation en plein chant

Antiphonaire Mozarabe

de la Cathédrale de León (960)

Le Moyen Âge

Les premiers signes musicaux apparaissent dans les Abbayes vers la moitié du Xème Siècle. Ce ne sont pas des notes mais des "neumes" ...

"chantées sur la dernière syllabe des antiennes aux cérémonies les plus solennelles, elles ne sont pas notées, mais connues par cœur des chantres."

"On l'écrivait simplement au-dessus des textes qui devaient être chantés".


L'outil pour écrire est pointu. Il ne permet pas de moduler l'écriture, aucun pleins ni déliés. 

Cependant, la manière de tailler la plume va changer au XIIème, le bec devient plus large et taillé en biseau et l'écriture va évoluer vers l'écriture gothique dont l'apogée sera le XVIème.

Vers 1035 Gui (Guido) d'Arrezo crée la portée de 4 lignes qui va être adoptée à partir du XIIème. 

Au XIIIème la portée de 4 lignes pour les chants grégoriens et de 5 lignes pour les autres chants se développe...

Les neumes évoluent alors vers la notation carrée ou notation grégorienne jusqu'au XVIème Siècle.


Source : Les notations musicales au Moyen Âge

Guido d'ArrezO


La notation sur les partitions 

Comme indiqué plus haut, l'origine de la notation par lettre est grecque.

Guido d'Arrezo a non seulement créée la portée musicale, mais il a repris cette notation de la lettre A à G et changé la dénomination en s'appuyant sur une Hymne à Saint Jean-Baptiste écrite au IXème Siècle par le poète Paul Diacre - (Traduction)

Ut queant laxis resonare fibris .......... Pour que tes serviteurs puissent chanter à pleine voix

mira gestorum famuli tuorum ............ les merveilles de ta vie, efface le péché

solve polluti labii reatum .................... qui souille leurs lèvres,

sancte Iohannes .................................... bienheureux Jean !


Cette notation avec des lettres, les compositeurs y ont fait référence ... 

Bach signait de ses quatre lettres B.A.C.H.

Son fils Johann Christoph Friedrich a composé une fughetta en ut majeur pour clavier  sur ses initiales : H.C.F.B.A.C.H. (Source)

Liszt avec sa Fantaisie et Fugue sur le nom de B.A.C.H. (Source)

Robert Schumann, ses six Fugues pour orgue ou piano pédalier, Op.60 (Source)

Francis Poulenc avec sa Valse-improvisation sur le nom de Bach (Source)


Cette notation persiste également dans certains pays comme le Royaume Uni, l'Allemagne ou les États Unis, utilisée dans les partitions de jazz.


Source : Introduction à la Solmisation

Hymne à Saint Jean-Baptiste sur la portée de Guido d'Arrezo

Paul Diacre (v 720-v 799)

Les premières partitions imprimées

Avant le XVIème Siècle

En 1473 est publiée la première édition du "Collectorium Super Mgnificat" du prédicateur Jean Gerson (1363-1429) ... Les notes de musique ont été ajoutées à la main. (Exemplaire d'Époque)

En 1501, (voir plus bas) le typographe Ottaviano Petrucci (1466-1539) utilise des caractères mobiles en bois pour imprimer son "Harmonice musices odhecaton". Une impression en trois étapes d'abord la pôrtée, puis le texte et les clés, pour finir par les notes. 

Avec le XVIème Siècle

la note ronde s'affirme pour devenir celle que l'on connaît de nos jours.

Puis le système se fige jusqu'en 1750.

"Face à des partitions vieilles de trois siècles, le lecteur contemporain est alors confronté à une liberté dont il ne sait parfois trop que faire, tant toute notation est fondée sur un jeu de conventions et d’habitudes d’exécution."

"Le compositeur va alors fournir des indications sur les nuances, le tempo, la dynamique ou le phrasé. "

Mozart : "La notation établit parfaitement la hauteur des sons, leur durée sonore et leur rapport dans le temps, mais le compositeur est encore peu soucieux de donner des indications pour l’interprétation."

Mozart

Fugue pour pianoforte - 1782



Le XIXème Siècle 

est "la transformation du statut social du compositeur, qui voit l’émergence et la reconnaissance de la propriété artistique."


"Le nombre des signes destinés à l’interprète augmente alors sensiblement : la partition devient un objet fini en soi et elle se veut désormais, plus que trace ou aide-mémoire, un moyen de reproduction fidèle à son auteur. "

Source : La notation musicale - BnF - Les Essentiels 

Pierre Boulez : Invention, technique et langage en musique (Collège de France)

Le milieu du XXème Siècle

va voir apparaître de nouvelles façons d'écrire la musique en particulier grâce à l'électronique.

Le sujet est complexe et difficile, certains savent mieux l'expliquer que d'autres ...


Alors pour ceux qui veulent mieux s’imprégner du sujet :

Source : L’histoire de la notation instrumentale occidentale

Pierre Boulez : Invention, technique et langage en musique (Collège de France)

Roman Haubenstock-Ramati

Conterto a tre - 1976

La partition graphique

Le "compossible" musical est l'ensemble des possibles que le compositeur a la liberté de réaliser ; l'expression, moderne, se réfère au corpus théorique de "l'Ars subtilior" (fin du XIVème.) (Source)


Les compositeurs contemporains ne sont pas les premiers à avoir imaginé des partitions d'une grand complexité que nous, pauvres béotiens, avons beaucoup de mal à déchiffrer.


"L’Ars Subtilior ou « art subtil » est un style musical apparu durant la dernière période de l'Ars Nova"  qui prend naissance à la Cathédrale de Paris

Source : De l'ars Antiqua à l'Ars Nova 

Les compositeurs vont nous offrir des partitions décoratives inhabituelles.


Au XIV et XVème Siècle,

Baude Cordier avec son Canon énigmatique et son Canon circulaire tel un mouvement perpétuel tournant sans s'arrêter ... 

Le canon énigmatique

et le canon circulaire

de Baude Cordier (1364-1440)


Jacob Senleches avec sa Harpe de mélodie               


 (Ecouter Kit Armstrong)

La Harpe mélodique

de Jacob Senleches

(v13..- V14..) (Dates non connues)

On raconte que Mozart a écrit, une partition de sa Marche Turque en dessinant des Turcs au bonnet blanc pour les notes blanches et des Africains pour les notes noires. 

Source : Approche chronologique de la notation musicale


jean Jacques Granville (1803-1847) composait et dessinait ses partitions en 1840


 


Source : L'évolution de la notation musicale


Les supports de partitions


Le lutrin ("qui sert à lire")

Lors des offices religieux le lutrin trône devant le maître-autel.


Il est plus destiné aux livres de chant - le "légile" étant réservé aux textes liturgiques (Source)

Sa taille est imposante afin de pouvoir supporter des livres de (très) grande taille : "À une époque où il était impossible de faire des photocopies et où les livres coûtaient cher, le lutrin permettait aux chantres de voir, tous en même temps, le livre et donc de pouvoir chanter ensemble."  (Source)


Le nom de lutrin est donc toujours utilisé lors des concerts.


Le pupitre

Si le lutrin est un meuble sur pied, le pupitre est souvent posé sur un socle ...

Rappelez-vous : "Ouvrez vos pupitres" certains petits ou gros écritoires desquels on sortait nos livres, puis posés sur leur plan incliné étaient maintenus pour ne pas pas glisser ...


Mais soyons honnête, "A vos pupitres" est plus courant "qu'à vos lutrins" et depuis longtemps ...

L'Abbé Liszt devant son pupitre

Du Recueil de partitions à la partition dématérialisée ....


L'Odhecaton 

est le premier recueil édité par Ottaviano Petrucci de 98 chansons profanes écrites en français pour un ténor, sur des musiques de 29 compositeurs différents... Josquin Des Prés, Pierre de La Rue, Jean Japart ...  

dont la BNF conserve un exemplaire du 25 Mai 1504 


En France, avant et après Lully (1632-1687)

Source : L'Edition musicale française avant et après Lully

La maison Ballard est le  « Seul imprimeur du roi pour la musique » de 1599 à 1715

Mais au XVIIIème Siècle, les partitions manuscrites représentent encore la majorité des partitions existantes. 

A défaut de pouvoir les imprimer, il existe encore des ateliers de copistes renommés.


La gravure n'apparaît en France vers 1660 au frais de l'auteur

Certains ont fait ce choix et indiquent clairement "qu'ils ont préféré faire graver leurs œuvres plutôt que de voir circuler de nombreuses copies fautives."


En 1672, Lully obtient un privilège pour 30 ans de choisir lui-même son imprimeur. Il peut alors négocier sans problème avec la maison Ballard. Ce privilège lui donne un droit supérieur à celui de l'éditeur.

Ce sera l'apparition progressive du droit d'auteur.

Cependant il reste à résoudre le temps entre la première représentation d'une oeuvre (Psyché en 1678 dont la partition est manuscrite) et son impression 13 ans après.

La cause en est partiellement le format in-folio qui sera vite remplacement par in-quarto oblong

Est-ce la fin du tourneur de page ?


Ils sont de plus en plus nombreux à disposer d'une tablette sur le pupitre, actionnée au doigt, au pied ou même au simple geste de la tête... Bientôt, grâce à l' IA, l'appareil saura tout naturellement entendre la musique émise par l'instrument et tournera la page automatiquement.

Mais il peut poser quelques problèmes ... son prix reste élevé, une panne (batterie, matériel) en cours de concert peut s'avérer pénible, l'éclairage lumineux peut gêner... 

Le tourneur (ou la tourneuse) de page

...... existerait-il sans la partition ?

"dans la plupart des institutions, le tourneur de pages reste la dernière roue du carrosse, celui auquel les organisateurs – et les artistes – pensent parfois seulement quelques heures avant le concert"


Les pianistes ont besoin des tourneurs de page car leur partition leur offrent rarement une pause entre chaque page, contrairement aux autres musiciens où les éditeurs prévoient une mise en page judicieuse afin que les fins de pages arrivent lors de silences.

 

Ils nous offrent parfois des surprises bien rigolotes (Vidéo à voir)

Source :  L’art de tourner les pages : la face cachée des concerts


La mémoire ou l'absence de partition

Alors le must reste l'absence de partition ...

On est toujours étonné de les voir déambuler à une vitesse folle sur leur instrument, d'avoir l'impression qu'ils n'éprouvent aucune difficulté, ils savent sans doute se rattraper aux branches ... et qui s'en aperçoit ?

Non, ce sont parfois des génies.


Nous avons à Rouen parmi nos hommes célèbres un compositeur, organiste et pianiste de talent, l'une de ces mémoires fabuleuses ...

Marcel DUPRÉ (1886-1971) devant son orgue Cavaillé-Coll dans l'appartement familial, cet orgue familial qui se trouve aujourd'hui dans le chœur de la Cathédrale de Rouen.

(Site en bas de page)


En 1920, à l'âge de 34 ans, il joua par cœur toute l’œuvre d’orgue de Bach en dix concerts sur l’orgue du Conservatoire de Paris.

On raconte que les mélomanes chevronnés du premier rang scrutaient sur leur partition le moindre faux pas de l’interprète, sans jamais trouver une faute... et il renouvellera l'expérience à diverses reprises.




Cette mémoire fabuleuse est d'autant plus amplifiée si l'interprète est mal ou non voyant.



Vous connaissez sans doute Nobuyuki Tsujii né au Japon en 1988 (Biographie) dont l'oreille est suffisamment parfaite pour n'utiliser aucune partition ... « Dieu lui a pris ses yeux mais lui a donné des dons physiques et mentaux qui lui permettent de dominer les plus grandes œuvres du répertoire ». 


Petite histoire des outils d’édition musicale avant l’ordinateur 


Du scribe traditionnel au moine copiste, il fallait savoir écrire ou dessiner, tous les supports étaient permis, de la pierre brute au marbres les plus parfaits.


Si depuis que l’homme écrit la musique, la notation a beaucoup évolué, cette métamorphose sera freinée par le rendement croissant de l’imprimerie et la diffusion à grande échelle des partitions, qui par le fait même, imposera une normalisation des symboles et des pratiques. En parallèle, l’activité du copiste traversera plusieurs époques, chacune représentée par le développement et l’utilisation d’un nouvel outil.

Supplantées aujourd'hui par l’indétrônable informatique et par son indubitable flexibilité, les différentes techniques d’édition musicale développées au cours de notre histoire en vue d’une plus large diffusion des œuvres musicales, sont aujourd'hui souvent méconnues.

Source :  Petite histoire des outils d’édition musicale avant l’ordinateu


Le burin (xylographie)


Vers la fin du XVème siècle apparaît en Europe la technique de la xylographie ou gravure sur bois

La technique existe en Chine depuis le VIIème Siècle

Les blocs de bois sculptés n’étaient d’abord utilisés que pour imprimer les lignes de la portée en rouge, 

les notes étant ajoutées en noir à la main, parfois à l’aide d’un pochoir. 

Par la suite, la méthode fut raffinée afin de tout sculpter et d’imprimer notes et lignes en une seule fois.


Pour plus de détail sur cette technique, voir Imprimer de la musique avec des gravures sur bois

(Traduire en français)



Opusculum Musices  de Nicolaus Burtius 

Le caractère mobile (typographie) 


En 1450, Johannes Gutenberg (v1400-1468) apporte deux innovations à l’impression :

la fabrication des caractères en métal interchangeables et une amélioration de la presse à bras


En 1470, Guillaume FICHET (1433-ap1480) réalise la première impression française

Cité Internationale Universitaire de Paris

En 1501, Ottaviano Petrucci (1466-1539) se sert pour la première fois de caractères mobiles en bois pour imprimer son Harmonice musices odhecaton (voir plus haut)


En 1528, Pierre Attaingnant (v1494-v1552) développe le procédé des caractères mobiles en les assemblant comme un puzzle. 

Les notes contenant une section de portée, d’autres portions de portées vides ...

Le poinçon (gravure) 


L’impression par gravure sur plaque de cuivre fut découverte accidentellement autour de 1452 par un orfèvre et graveur florentin du nom de Maso Finiguerra. 

Cette technique ne fut appliquée à l’impression de la musique qu'à la seconde moitié du XVIème siècle.


Vers 1730, le cuivre fut remplacé par l'étain beaucoup moins onéreux.

Cette technique fut utilisée pour la première fois par l’éditeur anglais John Walsh (v1665-1736), à qui on a également attribué l’invention des poinçons formant les têtes de note, les clés et les altérations. Le poinçon supplanta alors la gravure en taille-douce.


Source : de la musique - Caractères nouveaux

Je n'ai trouvé que la page de garde d'une partition imprimée par John Walsh

La pierre (lithographie) 


Technique inventée à partir de 1796 par Aloys Senefelder (1711-1834), l’impression par lithographie fut dès ses débuts associée à la musique.

Le copiste dessinait à même la pierre avec un crayon gras ou un pinceau trempé dans une encre grasse, l’encre lithographique.

L'Impression à la planche de bois et au maillet


originaire de l’Inde (d'où le nom qui sera donné aux fabriques de tissus, les Indienneries) l'impression à la planche de bois gravée en relief est pratiquée en France depuis le XVIIe siècle.

Voir l'article Impression à la planche de bois et au maillet


Metteur sur bois :  le metteur sur bois reporte le dessin sur la planche avec un gratté, qui est un papier transparent, huilé.

Graveur : le graveur réalise ensuite à l’aide d’une gouge ou d’un burin une planche dans une essence dure, souvent complétée par l’insertion de picots (clous) et de lamelles de cuivre courbes ou rectilignes. Ce procédé dit de "picotage" permet de restituer la finesse des points et des traits du modèle original.

Impression : pour imprimer le motif sur la soie, nous imprégnons la planche de couleur. Une fois le bloc posé sur le tissu, nous prenons un lourd maillet et avec le manche frappons deux ou trois coups le dos de la planche en son centre.


Cette technique utilisée dans les indienneries est très certainement celle utilisée pour les planches à imprimer une partition.


Deux partitions d'Emile Chizat (1855-1924), élève de Jules Massenet

Collection Particulière Claire Sévin


Planche de 15x15, Ep.2 cm, en  bois, environ 300g


"Chanson pour Jeanne" de 1882

La machine à écrire (dactylographie) 


Alors que Joseph Haydn mettait la dernière main à une symphonie dans les dernières étapes de sa carrière, il écrivit avec découragement : « La pièce sur laquelle je travaille actuellement aurait déjà été terminée si ma main ne se fatiguait pas à écrire les notes sur le papier. Pourquoi une personne ingénieuse n’inventerait-elle pas une machine qui permettrait au compositeur affligé d’écrire les notes plus rapidement et avec moins de fatigue ? »  


Il faudra attendre 1885 pour que Charles Spiro (1850-1933) fasse la première invention appelée Columbia.


La machine à écrire musicale de Charles Spiro 

Voir l'article Machine à écrire musicale



En 1905 M.F. Dogilbert utilise le procédé de la machine à coudre...  On l'appelle la machine à timbrer la musique.

Le procédé s'appelle électrogravure. Il permet de créer une copie reproductible par procédé photomécanique. 


À propos de Dogilbert (1905)

Voir l'article Machine à écrire musicale


S'ensuivent un certain nombre de modèles brevetés -  Voir l'article Machine à écrire musicale

1910 - Le Nocoblick a été conçu par Ludwig Massen et a été utilisé jusqu'en 1917.

1923 - Le révérend J. Walton a inventé une machine à écrire musicale qui est devenue la Walton Music Typewriter. 

1931 - La machine à écrire musicale Melotyp a été inventée par Gustave Rundstatler à Berlin, en Allemagne.  


En 1936, Robert H. Keaton adapta la machine à écrire pour en faire un engin à même d’aider les compositeurs. 

Son 1er brevet ne contenait que 13 touches. 

En 1953, il dépose un second brevet avec 33 touches. 





Source : Les (ani)croches de la machine à écrire des partitions musicales


En 1956, la MusicWriter inventée par Cecil S. Effinger est probablement celle qui fut la plus utilisée dans le milieu de l’édition musicale. Le clavier comprenait  79 à 83  touches, actionnant des barres à double caractère.

Pouvant être utilisée avec du papier à musique, la MusicWriter pouvait également tracer des portées et des clés.

De 1956 à 1990, elle s’est vendue à plus de 5000 exemplaires. 

Cecil Effinger à droite

Autres méthodes utilisées au cours du XXème Siècle ...






Les pochoirs

Le processus était assez long mais permettait d’obtenir une très grande régularité dans la forme et la taille des notes, des clés et des autres éléments musicaux. 

Les tampons en caoutchouc

firent une brève apparition, comme tentative de détrôner la gravure au poinçon… sans réel succès 

Les caractères transfert

Outre l’extrême lenteur du procédé, sa principale difficulté était de placer régulièrement les caractères les uns par rapport aux autres 

La machine à écrire musicale sait-elle interpréter la musique ?

Et bien oui ............


The Typewriter est une œuvre pour machine à écrire et orchestre composée par Leroy Anderson (1908-1975) en 1950 et créée par le Boston Pops Orchestra. 

Solo pour machine à écrire et orchestre

Solo pour machine à écrire et orchestre à vent


Ecouter             ........... et par Jerry Lewis




"Il est conseillé d'utiliser une véritable machine à écrire dont le son est amplifié. Il faut éliminer la sonnette de la machine et la remplacer par une sonnette indépendante manipulée par un deuxième percussioniste. A défaut, on peut imiter le cliquetis des touches avec un bloc de bois (wood-block), tandis que le bruit du chariot qu'on repousse peut être imité avec un guito (râpe). "

A l'ère de l'ordinateur



La partition numérique

Est-ce la fin du tourneur de page ?


Ils sont de plus en plus nombreux à disposer d'une tablette sur le pupitre, actionnée au doigt, au pied ou même au simple geste de la tête... Bientôt, grâce à l' IA, l'appareil saura tout naturellement entendre la musique émise par l'instrument et tournera la page automatiquement.

Mais il peut poser quelques problèmes ... son prix reste élevé, une panne (batterie, matériel) en cours de concert peut s'avérer pénible, l'éclairage lumineux peut gêner... 



La partition et l'Intelligence Artificielle (IA)

Elle reconnaît aujourd'hui les morceaux joués, chantés voire fredonnés 

La transcription des œuvres sur la partition s'en trouve incontestablement facilitée


N'importe quel individu, bon musicien (ou pas) va pouvoir écrire une partition sans connaître la musique

Mais saura-t-elle traduire l'émotion !


N’importe quel individu pourra se dire "compositeur" .... "à la manière de ..."  comme on disait autrefois

Mais où seront le cœur et l'âme du génie !

Après avoir transcrit sur papier (ou autre support) l'oeuvre créée, il sera toujours là pour l’annoter et lui donner vie 

L'IA aura ses limites


La partition a alors encore de beaux jours à venir ...

BACH - Manuscrit de la cantate BWV 9 "Le Salut nous est venu" (1732-1735)

NB : Le contenu de cette page n'a pas pour but de rédiger une biographie ou de faire un cours sur le sujet proposé.

Il regroupe un certain nombre de données et d'avis émis par des personnes qui me semblent compétentes, utilise (sans vergogne) le Copier/Coller insérant ainsi des citations  que vous pouvez retrouver dans les sources indiquées, 

Il essaie de recouper les informations trouvées, de rechercher les sources, les documents et l'iconographie permettant de mieux aborder le sujet.

Aussi, il est important de me dire ce qui pourrait être des erreurs d'appréciation, datation, documentation en complétant le formulaire : Blog de l'AMU

Merci par avance

02/04/2024 - Marc RL